Crise post-électorale: une Mauritanie en quête de véritable changement

 


La récente  réélection de Mohamed Ould Ghazouani à la présidence de la Mauritanie soulève des interrogations profondes quant à l'avenir politique et social du pays. Si l'on en croit les observateurs, cette victoire électorale masque une réalité bien plus complexe et discordante, illustrée par une fracture béante entre deux Mauritanies : celle des privilégiés et celle des déshérités.

Dès lors, la question cruciale qui se pose est celle du système dont Ghazouani est le représentant. Est-il véritablement l'incarnation d'un leadership démocratique et inclusif, ou bien est-il plutôt le produit d'une continuité historique marquée par les intérêts des élites traditionnelles et des forces militaires qui dominent le pays depuis des décennies ?

L'édifice de sa réélection semble fragile, reposant sur des fondations douteuses faites d'accointances avec les notables et d'une influence financière prédominante. En conséquence, le président Ghazouani est de plus en plus perçu non pas comme un agent du changement, mais comme un gardien des intérêts établis, protégeant les nantis et les puissants au détriment des masses populaires en quête de justice sociale et d'espoir.

Les critiques ne manquent pas, pointant du doigt une gouvernance qui peine à répondre aux défis contemporains : une économie en proie aux injustices sociales et environnementales, exacerbées par un modèle consumériste étranger aux réalités ancestrales de gestion de la pénurie. Cette dissonance augmente le risque de conflits sociaux, alimentant le désespoir et le ressentiment parmi les jeunes, les minorités et les défavorisés.

Face à cette réalité, les discours rassurants ne suffisent plus. Ce que le peuple mauritanien attend désormais, ce sont des actions concrètes et une réelle volonté politique de démanteler un système bancal et injuste. En effet le risque de troubles sociaux augmente, alimenté par le mécontentement croissant des couches populaires face à une gouvernance qui favorise les intérêts particuliers au détriment du bien commun.  

Le défi qui se présente à Ghazouani n'est pas seulement de consolider sa légitimité parmi les élites et les militaires, mais bien de reconquérir la confiance d'un peuple meurtri par des décennies d'inégalités et de promesses non tenues. À défaut de répondre à ces attentes pressantes, son mandat risque de demeurer un mirage, une illusion de stabilité précaire dans un pays en quête désespérée de changement véritable.


Par:  Brahim Salem Abdellah 


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