Un Parlement aux ordres, un peuple trahi

 


12 September, 2024 - 01:00

Et voilà que le nouveau Premier ministre, Ould Djay, a cédé à la tradition désuète : une déclaration de politique générale interminable, d'une quarantaine de pages, lue devant des députés soumis, une mascarade qui perdure depuis 1992, depuis la nomination de Sidi Mohamed Ould Boubacar, le premier Premier ministre d’un régime qui se prétend – et continue de se prétendre – « démocratique ». Mais où est cette démocratie ?

Une fois encore, ce discours-fleuve n’a été qu'une accumulation de promesses creuses, qui ne servent qu’à enflammer des débats théâtraux entre une majorité corrompue, qui applaudit sans réfléchir, et une opposition impuissante, condamnée à dénoncer un système verrouillé. C’est un spectacle politique qui se répète sans fin, une farce dont le peuple mauritanien est l’unique victime. Pas un moindre mot envers les minorités ni à propos des violences post-électorales qui ont été secoué le pays causant une coupure d'internet  qui a duré environ une vingtaine de jours.

Ould Djay, tout comme ses prédécesseurs, a essuyé quelques critiques tièdes de la part de certains députés. Mais rien de bien sérieux. Impassible, il a laissé passer l’orage, certain que la majorité parlementaire, docile et soumise, ferait passer son texte sans sourciller. Une nouvelle preuve que les débats parlementaires en Mauritanie ne sont qu’une formalité sans valeur, où les jeux sont faits d’avance.

Cette scène résume à elle seule l’état du Parlement mauritanien : une institution de façade, où la compétence est une qualité rare, et où les élus ne doivent leur poste qu’à des critères obscurs, parfois miraculeux, pour ne pas dire douteux. Ils sont là pour dire oui, et c’est tout ce qu’on attend d’eux.

Comment attendre la moindre avancée démocratique dans un système aussi gangrené ? Ces soi-disant représentants du peuple sont en réalité les gardiens d’un régime qui ne vit que pour se maintenir en place, au prix d’une stagnation politique, économique et sociale. Ce pays est pris en otage par une élite corrompue, et le peuple mauritanien ne peut plus se contenter de promesses vides et de discours insipides.

Le véritable changement ne viendra pas de ces politiciens complaisants. Tant que ce système mafieux subsiste, la Mauritanie restera piégée dans un cycle sans fin de répression, de faux-semblants et d’injustices. Le réveil populaire sera inévitable. Il faut briser ce cercle vicieux avant que le pays ne sombre encore plus profondément dans la médiocrité.


Par:  Brahim Salem Abdellah 

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